Le titre est la principale source d’information d’un document figuré :
- soit qu’il figure sur le document, il fournira de nombreux éléments factuels dans un rapport de contiguïté avec l’image. Sur les estampes et surtout sur les lithographies, la lettre désigne toute inscription gravée (légende, titre du dessinateur ou du graveur…), sur les impressions photomécaniques des cartes postales, des indications sur l’objet ou le sujet fixés par la photographie… ;
- soit qu’il soit lacunaire, et le catalogueur devra s’armer de patience, rechercher des signes qui permettront de restituer un titre forgé qui rendra compte du contenu du document, avec le regard distancié qui s’impose. Il sera toujours perfectible.
Ce titre enferme parfois quelque valeur prescriptive, en ce sens qu’il « enserre » l’interprétation de l’image… Il incite le récepteur à lire le contenu de l’image en fonction de critères socioculturels.
Pour la lithographie proposée, le complément du titre est une vision, celle du prestige d’une élite, qui s’impose au détriment d’un autre groupe. En l’occurrence, cette caricature suggère une réalité, « une série de charges de la face humaine » aurait dit Maupassant. Il conviendra d’aller au-delà du sens strict et littéral des mots qui composent le titre, et lire entre les lignes pour en saisir toute la subtilité : « Vois-tu Alfred, ce vilain petit noir qui passe là sans chemise ? Eh bien, papa dit que depuis qu’il est citoyen, il est blanc comme nous… ». S’agit-il pour autant d’une exagération ? Sont-ce là les propos même du lithographe Adolphe Martial Potémont (1828-1883) ? On sait l’artiste d’une âpreté mordante sur les réactions de la société créole au lendemain de l’abolition de l’esclavage à La Réunion.
En somme, retranscrire un titre — notamment lorsque celui-ci est présent — peut paraître simple, quelle que soit la particularité orthographique ou typographique (que nous signalerons par l’adverbe [sic]).
Générer un titre ou un texte quelconque est une opération plus délicate imposant aux professionnels de l’image une certaine responsabilité : ils devront traduire l’image de la manière la plus neutre qui soit.
En revanche interpréter un titre, notamment lorsque celui-ci est dense, ambigu, suppose d’en dégager le sens exact, d’en déterminer la portée…Une approche démystifiante de l’assertion.
« L’iconothécaire »