La collecte des fonds privés : des biens communs ?

La collecte des iconographies est une mission fondamentale des professionnels de l’image. Il y a d’abord les fonds et les collections des institutions culturelles (Archives, Musées, Bibliothèques) constitués à partir de versements, de dons, de dations, de legs, de dépôts… Il n’est pas de notre propos de faire ici un exposé ex cathedra des modes d’entrée de ces documents figurés dans ces différents lieux de conservation.

Il y a ensuite, un peu à part, les fonds privés, qui sont des gisements insoupçonnés d’images. Nous n’avons pas (encore) la vocation d’assurer la conservation à long terme de ces documents.

Convaincre les particuliers de nous confier leurs archives ou leurs acquisitions pour envisager une numérisation et une diffusion sur un site Internet ne va pas de soi. Les détenteurs de cette mémoire iconographique ont du mal à évaluer seuls l’intérêt des pièces qu’ils détiennent, qui illustrent souvent la grande et la petite Histoire : des scènes de la vie quotidienne comme l’échaudage de la vanille ci-dessus, ou un portrait en pied de deux soldats appelés à devenir des Poilus de la Grande Guerre…

La relation établie avec les collectionneurs, les auteurs ou leurs ayants droit est souvent une affaire de respect mutuel. La rencontre est en principe organisée par des tiers, elle peut être aussi provoquée par la démarche spontanée d’une personne intéressée, elle est plus rarement fortuite. S’engagent alors des échanges plus ou moins longs entre celui qui veut diffuser l’image et celui qui la possède : il faut au premier le tact des nuances – de l’intuition, de la finesse et de la mesure, – au second une ouverture d’esprit, une sensibilité à la question patrimoniale, et une confiance renouvelée en son interlocuteur. Ce sont là des réalités relativement malléables, mais elles

faciliteront la démarche de collecte de ce patrimoine iconographique qui peut prendre plusieurs années.

Ainsi peut-on considérer l’accès du plus grand nombre à ces images, mais également les valoriser. Dans un contexte numérique, ces biens informationnels ont vocation à devenir des biens communs et le partage de l’image a toute sa place dans l’appropriation de la culture et de la connaissance.


Henri de Nas de Tourris, fils d’Emilie Selsis dit « tante Milote » et de Paul de Nas de Tourris, 191. ?
[Créateur non identifié]
Fonds privé. Reproduction interdite sans l’accord du propriétaire et des ayants droit.

Echaudage de la vanille, 1931
Cliché pris lors de l’exposition coloniale de 1931

(commande du Conseil général de La Réunion).
André Albany (1903-1992)
Fonds privé. Reproduction interdite sans l’accord du propriétaire et des ayants droit.
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